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Portrait d'Alexis, TRAAJET

Comme chaque mois, découvrez le portrait d’un·e professionnel·le adhérente de la Maison des Arts du Fil !

Comme chaque mois, découvrez le portrait d’un·e professionnel·le adhérent.e de la Maison des Arts du fil ! Aujourd’hui, coup de projecteur  sur Alexis, créateur d'une marque de vêtements durables pour cyclistes. Il est aujourd’hui à la tête de l'entreprise rennaise : TRAAJET

 

Bonjour Alexis, peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Alexis Avenel. Je suis créateur et gérant de la marque Traajet 'est une marque qui se veut être la plus vertueuse possible en faisant un gros travail sur l'éco-conception et sur la fabrication en circuit.

Comment t'est venu cet attrait pour la couture ?
Alors moi, au départ, ce n'est pas un attrait particulièrement pour la couture. En fait, j'ai un cursus d'ingénieur lié à l'environnement. J'ai fait plus de 15 années en tant que chef de projet dans les énergies renouvelables. Et puis, je suis passionné par le vélo, surtout.

 

 

Et donc, c'est en me déplaçant à vélo au quotidien dans mon activité précédente que j'ai pu découvrir les faiblesses des vêtements que j'utilisais par rapport à mon usage spécifique en vélo au quotidien.

 

A partir de là, j'ai utilisé ma petite expérience de couture que j'avais au préalable, puisque j'avais déjà utilisé des machines à coudre, fait de la couture, lié à ma famille ; j'ai une mère et une sœur qui sont de super couturières.
Et puis, j'avais déjà joué un peu avec une machine à coudre, mais sans vraiment en faire quelque chose de professionnel, ça a été l'occasion, avec cette idée de créer ces vêtements pour les cyclistes du quotidien. Et donc, pour commencer, j'ai essayé d'en faire moi-même. C'est le point d'entrée.

 

Tu es impliqué depuis le début dans le projet de la Maison des Arts du Fil. Est-ce que tu peux nous raconter ta rencontre avec Sophie, la présidente ?

Avec Sophie, nous nous sommes rencontrés la toute première fois, c'était au moment du hackathon RE CYCLE (24-26 mars 2022) qui a été organisé à Rennes, c'était à la Maison des Associations ! La thématique, c'était de réduire les impacts de l'industrie textile dans le futur.
C'était pendant le Covid. Mais en tout cas, on s'est rencontrés à ce moment-là et on a travaillé pendant plusieurs jours, 3 exactement, avec plusieurs professionnels sur cette thématique. On est ressorti avec l'idée de créer un tiers-lieu textile qui pourrait accueillir un peu tout ce que l'on a développé aujourd'hui à la Maison des Arts du Film, donc l'accueil des professionnels, une mercerie de seconde main, et puis un lieu pour rendre l'industrie du textile un peu plus vertueuse.

 

 

Est-ce que tu peux présenter ta marque en quelques mots ? Et comment est né l’idée de créer des vêtements de vélo pour le quotidien ?

Le point de départ de TRAAJET, c'est des vêtements qui ne sont pas adaptés, pas résistants et qui ne répondent pas aux besoins des personnes qui se déplacent à vélo, au quotidien. Et donc j'ai commencé par un pantalon, puisque moi j'avais une problématique, c'est que j'usais réellement tous mes pantalons liés au frottement avec la selle.


Et à partir de ce constat, j'en avais marre de jeter des pantalons tous les six mois, tous les ans, parce qu'ils étaient percés, et donc j'ai voulu vraiment trouver une matière, trouver un design qui permette de répondre à ce problème. J'ai rajouté d'autres fonctionnalités, notamment un traitement déperlant sur le pantalon, qui va permettre d'affronter la petite pluie du quotidien, sans avoir forcément à se sur équiper avec un sur-pantalon ou ce genre de choses. C'est un traitement déperlant, ce n'est pas un produit étanche, mais ça permet à un certain nombre de cas de ne pas avoir à sortir son pantalon de K-way par-dessus. 


Et puis, j'ai rajouté d'autres fonctionnalités, notamment des détails réfléchissants, mais que je ne voulais pas permanents, ils sont donc réversibles, c'est-à-dire qu'ils vont se dissimuler ou s'apparaître à l'usage. On a une poche qui est rétractable, on a des serrages de jambes qui sont réversibles, ce qui permet d'être visible à vélo tout le temps. Et puis quand on arrive au bureau, on a juste à les ranger et puis on a un vêtement traditionnel.


C'est vraiment l'esprit des produits, j'ai une chemise dans le même esprit. Là on est plus sur des matières respirantes, mais on a aussi des détails réfléchissants qui sont intégrés et qui permettent d'avoir une meilleure visibilité à vélo, sans avoir l'air de sortir d'un chantier. C'est des vêtements qu'on peut porter tous les jours.

Pourquoi ce nom de marque et comment t'est-il venu ?

Ce n'est pas évident de trouver un nom de marque. Moi je voulais quelque chose de court, qui retienne un peu l'attention, mais qui fasse lien un peu avec l'activité de l'entreprise. À un moment donné, on a fait un petit brainstorming avec des copains cyclistes avec l'idée d'essayer de ressortir un nom de tout ça. En cherchant des mots qui courent et qui avaient un lien avec le déplacement, il y avait ce mot-là, mais le trajet avec un seul A, c'est quelque chose qui est déjà utilisé, qu'on ne peut pas utiliser comme on veut.


Il s'avère que le AA, ce sont mes initiales, on a dit pourquoi pas le doubler, et qu'il puisse interroger. Quand on me demande pourquoi deux A, je dis que sur un vélo il y a deux roues, sur un trajet il y a deux A. Mais c'est aussi un petit clin d'œil à mes initiales.
Le nom de marque était dispo ; ça aide pas mal !

La marque a aussi beaucoup de valeurs, comme la fabrication des produits en France, conçus avec des matériaux de qualité, et du sur-recyclage. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Pour moi, c'était inconcevable de faire des vêtements qui soient fabriqués à l'autre bout du monde, dans des conditions infernales, en utilisant de la main-d'œuvre exploitée, voire infantile, ce qu'on sait du monde du textile aujourd'hui. 


C'était presque une obligation, pour moi en tout cas, d'aller sur une marque responsable, avec plusieurs axes. Effectivement, il y a le côté durabilité, donc le fait de faire des vêtements qui soient résistants, c'était vraiment mon point de départ. On fait des vêtements qui sont faits pour durer, qui ne vont pas s'abîmer en quelques semaines ou quelques mois à l'usage à vélo. Et puis après, quand on creuse sur ces sujets-là, rapidement, on se rend compte que sur le traitement des perlants, il y a des choses qui sont hyper nocives qui peuvent être faites. Comment on fait pour trouver un traitement qui soit déperlant, efficace, mais qui ne soit pas nocif pour l'environnement et pour la santé ? J'ai trouvé des gens en France qui faisaient des choses sans fluor et sans pifasse. On trouve des solutions quand on les cherche. Elles existent de plus en plus. Et puis, il s'avère que c'était en France, ce qui est encore mieux. 


Pour la confection, ça a été un parcours un peu compliqué. J'avais vraiment la volonté de faire en France, mais aujourd'hui, le "Made in France", ce n'est pas évident. Et après avoir fait le tour de France d'ateliers plus ou moins disponibles, plus ou moins chers, même peu recommandables pour certains. Même dans le Made in France, il y a des choses pas très clean. Mais en tout cas, j'ai fini par trouver et ça a été une chance de retrouver des gens à Rennes. 


C'est un partenaire de la Maison des Arts du Fil aussi, qui est l'atelier ESPEREN. C'est un atelier qui travaille en insertion. C'est eux qui ont fait toutes mes chemises, tous mes pantalons, qui vont faire probablement d'autres produits par la suite pour TRAAJET.
Pour le surcyclage, il y a certaines pièces qui sont faites en matière issue de déchets. C'est une boîte de Laval qui fait des tissus pour des vêtements de travail. Ils ont certaines fins de rouleau, de fluo notamment, qui peuvent être récupérées. Et donc j'ai utilisé pour les parties fluos de mes pantalons.

Comment sont testés tes produits ?

Je suis allé au Mont Ventoux, c'était un clin d'œil pour les cyclistes, surtout la chemise que je commercialise. C'est une chemise en laine Mérinos, qui est respirante et anti-odeur, antibactérienne. Et donc cette chemise-là, effectivement, je suis allé moi-même sur le Ventoux par 40 degrés pour faire du vélo avec et voir comment elle se comportait. Après, ça n'a rien d'un test scientifique mais en tant que telle, la matière, c'est une matière qui a des certifications et qui est reconnue pour son côté respirant.
Pour les tests plus scientifiques, par exemple sur le pantalon, il y a un test qui a été fait sur la matière, qui est un test de résistance à l'abrasion, qui s'appelle le test Martindal, et qui dépasse tous les standards du textile.
Le test de la Martindale, on prend un morceau de tissu, puis on va frotter une matière abrasive dessus, puis on compte le nombre de tours que fait la machine avant que la matière soit dégradée. Et donc pour cette matière-là, la norme s'arrête à 400 000 tours. Et à 400 000 tours, la matière du pantalon n'est pas encore dégradée, donc elle va plus loin que le top de la norme.
Ça faisait partie des critères pour sélectionner la matière. Elle est résistante, est déperlante, sans fluors, et est fabriquée en France. Donc ça coche pas mal de cases.

Quel est l'avenir de ta marque ? Est-ce qu'il y a des projets pour créer d'autres vêtements, pour compléter celle-ci ?

Oui, il y a des projets. Il y a une gamme de vêtements de pluie, enfin qu'on va dire plutôt d'équipements de pluie. Donc avec des vestes, des caps, des sur-pantalons, des sur-chaussures de pluie, qui sont en cours de développement.
Et puis j'ai un modèle de pantalon pour les professionnels à vélo aussi, donc tout ce qui va être livreur, tout ce qui va être artisan à vélo, qui est aussi développé là et qui va rentrer en commercialisation. Donc c'est des nouveautés qui vont être commercialisées dans les prochains mois.

Le mot de la fin ?

Je suis content de pouvoir participer au projet de la Maison des arts du fil, et de voir qu'il se développe bien et vite, et qu'il prend une forme toute nouvelle avec l'implantation au Quadri, dans le quartier du Blosne. C'est assez plaisant de voir que ce projet-là prend une bonne tournure.

Article rédigé par Maelle MADEC